En France, les Cannabis Social Clubs (CSC) ont Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă des problèmes juridiques et n’ont pas Ă©tĂ© officiellement reconnus ou lĂ©galisĂ©s. Le concept des CSC, qui implique la production et la distribution collectives de cannabis entre les membres, n’a pas Ă©tĂ© acceptĂ© dans le cadre juridique du pays.
L’expĂ©rience des Cannabis Social Clubs Français
En 2013, un mouvement appelĂ© Cannabis Social Club Français (CSCF) a tentĂ© d’enregistrer six CSC auprès de diffĂ©rentes prĂ©fectures en France. Toutefois, ces CSC ont Ă©tĂ© rapidement dissous. Le système juridique français n’a pas adoptĂ© le modèle des CSC et l’exploitation de ces clubs reste illĂ©gale en vertu de la lĂ©gislation actuelle.
La France maintient une approche stricte du cannabis, la possession, la culture et la distribution étant des infractions pénales.
Comment ouvrir un Cannabis Club en France ?
Selon l’ENCOD, l’association Ă l’initiative des Cannabis Social Clubs europĂ©ens, chaque pays europĂ©en peut accepter la crĂ©ation d’un Cannabis Club. L’ONG s’appuie sur une dĂ©cision de l’Union EuropĂ©enne de 2004 qui stipule que « les Etats membres garantissent que la culture de plantes de cannabis, effectuĂ©e illĂ©galement, est un dĂ©lit punissable » mais oĂą l’article 2.2 indique que « ne sont pas inclus dans le champ d’application de la prĂ©sente dĂ©cision-cadre lorsque leurs auteurs s’y livrent exclusivement Ă des fins de consommation personnelle telle que dĂ©finie par la lĂ©gislation nationale ».
L’ENCOD prĂ©voit un plan en 4 Ă©tapes pour ouvrir un Cannabis Club en France.
Quelques rappels
Lorsqu’on envisage de crĂ©er un Cannabis Social Club (CSC), il est essentiel de se dissocier complètement du marchĂ© illicite. Un CSC doit non seulement paraĂ®tre lĂ©gal, mais aussi fonctionner dans les limites de la loi, ses membres Ă©tant capables de prouver sa lĂ©galitĂ© devant un tribunal. Cela nĂ©cessite une discipline stricte dans l’administration et l’organisation du club.
Chaque CSC a besoin de membres actifs qui contribuent de diverses manières et assument diffĂ©rentes responsabilitĂ©s au sein de l’organisation. Les règles doivent ĂŞtre claires, simples et gĂ©rĂ©es dĂ©mocratiquement. Il est conseillĂ© de faire appel Ă un conseiller juridique pour obtenir des conseils sur les mesures Ă prendre et Ă©ventuellement prĂ©parer une dĂ©fense si nĂ©cessaire.
Avant toute action, il est essentiel d’examiner le cadre juridique relatif Ă la consommation de cannabis dans votre pays. Si la consommation n’est pas considĂ©rĂ©e comme une infraction pĂ©nale et que la possession d’une petite quantitĂ© de cannabis pour un usage personnel ne fait pas l’objet de poursuites (voir le rĂ©sumĂ© des quantitĂ©s lĂ©gales dans les pays de l’UE), il peut ĂŞtre possible d’Ă©tablir une dĂ©fense juridique fiable pour un Cannabis Social Club, en faisant valoir que les individus qui ont le droit de consommer devraient Ă©galement avoir le droit de cultiver pour un usage personnel.
Première Ă©tape : prĂ©sentation publique de l’initiative
La première Ă©tape consiste Ă prĂ©senter publiquement l’initiative d’organiser un Cannabis Social Club lors d’une confĂ©rence de presse ou d’un Ă©vĂ©nement public. La participation d’une personnalitĂ© Ă©minente, telle qu’un politicien ou un artiste, peut contribuer Ă assurer une couverture mĂ©diatique. L’exposition de graines, de plantes ou de petites quantitĂ©s de cannabis lors de la prĂ©sentation peut attĂ©nuer le risque de poursuites judiciaires.
Au cours de la prĂ©sentation, insistez sur le fait que le seul objectif du club est de fournir une alternative lĂ©gale, sĂ»re et transparente au marchĂ© noir. Si les autoritĂ©s ne s’opposent pas Ă l’initiative, il est temps de passer Ă l’Ă©tape suivante.
Deuxième étape : création du club
La phase suivante consiste Ă crĂ©er officiellement le Cannabis Social Club en tant qu’association de consommateurs et de producteurs de cannabis qui cultivent collectivement du cannabis dans un cercle fermĂ© pour leur consommation personnelle. CrĂ©ez un comitĂ© exĂ©cutif composĂ© d’un prĂ©sident, d’un secrĂ©taire et d’un trĂ©sorier, et mettez en place des processus dĂ©cisionnels transparents et dĂ©mocratiques afin que tous les membres soient informĂ©s des Ă©tapes importantes de l’organisation et de la gestion financière.
Les statuts du club doivent prĂ©ciser ses objectifs, tels que la prĂ©vention des risques liĂ©s Ă la consommation de produits du marchĂ© noir et l’exploration de mĂ©thodes de culture saines et Ă©cologiques. En outre, la promotion d’un dĂ©bat social sur le statut lĂ©gal du cannabis et de ses consommateurs peut ĂŞtre mentionnĂ©e. Les statuts de clubs existants en Espagne ou en Belgique, obtenus auprès d’Encod, peuvent servir d’exemples.
Les statuts doivent ĂŞtre enregistrĂ©s et approuvĂ©s lĂ©galement par les autoritĂ©s compĂ©tentes, telles que la prĂ©fecture. Ă€ ce stade, l’adhĂ©sion peut ĂŞtre ouverte Ă de nouvelles personnes qui sont dĂ©jĂ des consommateurs de cannabis ou qui possèdent des raisons mĂ©dicales reconnues justifiant la consommation de cannabis.
Commencer la culture en estimant la quantitĂ© nĂ©cessaire Ă la consommation personnelle des membres et en organisant la production collective dans une plantation dĂ©signĂ©e. Assurer des pratiques de culture respectueuses de l’environnement et une variĂ©tĂ© de variĂ©tĂ©s de cannabis pour rĂ©pondre aux prĂ©fĂ©rences des membres.
Conserver des documents dĂ©taillĂ©s expliquant le fonctionnement du club et l’identification des membres au moyen d’informations officielles (par exemple, des copies de cartes d’identitĂ©) pour ceux qui participent aux travaux de plantation ou au transport. Ces documents sont essentiels pour Ă©viter d’Ă©ventuelles poursuites Ă l’encontre de personnes plus Ă©troitement impliquĂ©es dans l’association, si les autoritĂ©s dĂ©cident d’intervenir..
Troisième étape : Professionnaliser le club
Au fur et Ă mesure que le nombre de membres et les aspects organisationnels augmentent, il devient nĂ©cessaire de professionnaliser le club. Pour faciliter le contrĂ´le des plantes, il est conseillĂ© d’avoir plusieurs petites plantations.
Chaque club peut Ă©tablir son propre règlement pour complĂ©ter les statuts, en ce qui concerne l’utilisation des locaux du club, les contributions des membres, la promotion d’une atmosphère positive au sein du club, etc. Par exemple, il est possible de dĂ©finir des règles concernant la vente du cannabis produit par le club Ă des non-membres et, en particulier, Ă des mineurs.
Pour Ă©viter tout problème ou malentendu, il est prĂ©fĂ©rable d’informer les autoritĂ©s que le club pratique la culture collective de cannabis. Certains clubs le font en informant les autoritĂ©s de leur rĂ©gion, le poste de police local ou la municipalitĂ©, tandis que d’autres s’appuient sur des annonces dans la presse.
Le fait d’ĂŞtre une association sans but lucratif n’exclut pas les transactions commerciales. La production d’un cannabis de haute qualitĂ© dans des conditions sĂ»res et saines nĂ©cessite une rĂ©munĂ©ration pour le travail effectuĂ©. L’association engage des dĂ©penses et les personnes impliquĂ©es dans le club doivent Ă©galement recevoir une compensation.
Les prix doivent ĂŞtre dĂ©terminĂ©s de manière dĂ©mocratique et transparente. Les dĂ©penses peuvent inclure la location du terrain, l’eau, l’Ă©lectricitĂ©, les matĂ©riaux, les salaires, les frais de bureau, l’essence et les frais gĂ©nĂ©raux de l’association. Ces coĂ»ts sont divisĂ©s par la quantitĂ© de cannabis cultivĂ©e et un prix par gramme peut ĂŞtre estimĂ©.
Les bĂ©nĂ©fices gĂ©nĂ©rĂ©s sont utilisĂ©s pour soutenir l’association. Si les fonds excĂ©dentaires dĂ©passent les besoins de l’association, une rĂ©duction des contributions des membres peut ĂŞtre envisagĂ©e.
Toutes les transactions financières doivent ĂŞtre Ă©tayĂ©es par des factures et des reçus. Il est essentiel de pouvoir dĂ©montrer Ă un tribunal potentiel que le club n’est pas impliquĂ© dans des activitĂ©s illĂ©gales, en garantissant la transparence financière.
La mise en place d’un mĂ©canisme de contrĂ´le externe de l’organisation, supervisĂ© par un non-membre ayant la capacitĂ© d’Ă©valuer la conformitĂ© aux normes attendues, peut s’avĂ©rer bĂ©nĂ©fique.
Quatrième Ă©tape : Faire pression en faveur d’une rĂ©glementation lĂ©gale des Cannabis Social Clubs au niveau national
Une fois qu’un Cannabis Social Club est opĂ©rationnel, l’Ă©tape suivante consiste Ă plaider en faveur de la mise en place d’un cadre juridique rĂ©glementaire pour ces clubs dans votre pays. Ce cadre doit englober l’octroi de licences, la fiscalitĂ© et le contrĂ´le externe.
Dans de nombreux cas, les personnalitĂ©s politiques, les experts juridiques, les juges et les forces de l’ordre ne disposent pas d’un point de dĂ©part clair pour rĂ©glementer le marchĂ© lĂ©gal du cannabis. Les modèles proposĂ©s par les consommateurs peuvent aider et faciliter ce processus, ce qui augmente les chances que ces modèles soient acceptĂ©s.