Qu’est-ce qu’une association de cannabis ?

En bref

  • Les associations de cannabis, Ă©galement appelĂ©es Cannabis Clubs, sont des associations gĂ©nĂ©ralement agrĂ©Ă©es par l’État qui sont autorisĂ©es Ă  cultiver des produits Ă  base de cannabis et Ă  les redistribuer Ă  leurs membres.
  • Chaque Cannabis Clubs est autorisĂ© Ă  distribuer son cannabis Ă  un nombre maximum de membres, situĂ© entre 100 et 500 selon les lĂ©gislations.
  • Les associations de cannabis ne sont pas autorisĂ©es Ă  faire de publicitĂ© liĂ©e au cannabis. Elles peuvent toutefois communiquer publiquement leurs activitĂ©s associatives. Elles peuvent ĂŞtre trouvĂ©es sur certains sites web ou via leurs profils de rĂ©seaux sociaux
  • Toutes les associations de cannabis sont des ONG (organisations non gouvernementales) Ă  but non lucratif et fondent leur activitĂ© sur l’auto-approvisionnement

En détail

Un Cannabis Social Club (CSC) sert de plateforme d’interaction et de socialisation, mais son objectif premier est d’Ă©tablir un système rĂ©glementĂ© pour le cannabis. Le concept est simple : Les CSC sont des organisations enregistrĂ©es Ă  but non lucratif composĂ©es d’adultes qui mettent en commun leurs connaissances pour superviser la production et la distribution de quantitĂ©s limitĂ©es de cannabis parmi les membres.

L’ENCOD, une ONG paneuropĂ©enne de lutte contre la drogue, a dĂ©veloppĂ© ce modèle en 2005 pour plaider en faveur de la production et de la distribution lĂ©gales de cannabis entre adultes consentants. Le fondement de l’ONG repose sur une dĂ©cision de 2004 de l’Union europĂ©enne, qui stipule que « les États membres veillent Ă  ce que la culture de plantes de cannabis, effectuĂ©e illĂ©galement, soit un dĂ©lit punissable ». Toutefois, l’article 2.2 de la dĂ©cision prĂ©cise que « la culture de plantes de cannabis n’entre pas dans le champ d’application de la prĂ©sente dĂ©cision-cadre lorsque ses auteurs s’y livrent exclusivement Ă  des fins de consommation personnelle telles que dĂ©finies par la lĂ©gislation nationale ».

L’ENCOD a Ă©tabli cinq principes pour les Cannabis Social Clubs :

  • Offre axĂ©e sur la demande : Les CSC dĂ©terminent leur capacitĂ© de production en fonction des niveaux de consommation prĂ©vus de leurs membres.
  • Orientation non lucrative : Les CSC fonctionnent comme des associations Ă  but non lucratif, et tous les bĂ©nĂ©fices gĂ©nĂ©rĂ©s sont utilisĂ©s pour crĂ©er des emplois lĂ©gaux au sein du CSC et dĂ©velopper ses activitĂ©s.
  • Transparence : Les CSC fonctionnent comme des associations enregistrĂ©es, dont les statuts et les documents comptables sont accessibles au public. Ils disposent de structures internes dĂ©mocratiques et participatives et tiennent des registres anonymes de production et de consommation accessibles aux membres et aux autoritĂ©s.
  • L’accent est mis sur la santĂ© publique : Les CSC adoptent des mĂ©thodes de culture biologique et mettent en Ĺ“uvre des mesures visant Ă  prĂ©venir la consommation problĂ©matique de cannabis. Ils promeuvent une consommation sĂ»re et responsable par le biais de la documentation et des Ă©tudes menĂ©es au sein du CSC.
  • Ouverture au dialogue avec les autoritĂ©s

Au sein des CSC, la culture, le transport, la distribution et la consommation font l’objet de contrĂ´les de qualitĂ© et de sĂ©curitĂ©, sans aucune forme de publicitĂ©. Les cotisations des membres financent le système. Chaque membre a droit Ă  une quantitĂ© fixe de cannabis par mois et par an, qui ne peut ĂŞtre revendue. Le CSC veille Ă  ce que la consommation par des mineurs soit strictement interdite. Les rĂ©glementations officielles prĂ©voient dans certains cas un nombre limite de membres.

Actuellement, les CSC sont officiellement reconnus en Espagne, en Uruguay, et aux Pays-Bas, et officieusement au Royaume-Uni et en France. Chaque pays a adapté le modèle à ses besoins et réglementations spécifiques.

En Espagne, par exemple, l’adhĂ©sion Ă  un CSC ne peut se faire que sur recommandation d’un membre existant. L’Espagne hĂ©berge actuellement plus de 500 Cannabis Clubs. Les CSC espagnols accueillent Ă  la fois les usagers rĂ©crĂ©atifs et les patients.

En Belgique, les CSC ne sont autorisĂ©s Ă  cultiver qu’une seule plante par membre. L’exemple le plus connu est Trekt Uw Plant, et d’autres initiatives comme Mambo Social Club ont tentĂ© d’affronter les difficultĂ©s juridiques belges. A date, il n’y a plus de Cannabis Club officiel en Belgique.

Les prĂ©occupations juridiques entourant les CSC ont attirĂ© l’attention des autoritĂ©s, Ă  la fois Ă  des fins prĂ©ventives (pour assurer le respect de la loi) et Ă  des fins punitives (pour lutter contre les violations de la loi).

En 2013, en France, six CSC ont tentĂ© de s’enregistrer officiellement auprès de la prĂ©fecture dans le cadre du mouvement Cannabis Social Club Français (CSCF). Cependant, tous les CSC ont Ă©tĂ© rapidement dissous par dĂ©cision de justice, ce qui les a contraints Ă  opĂ©rer dans la clandestinitĂ©.

En Espagne, le système judiciaire se concentre principalement sur l’application de la loi relative aux CSC. Le modèle y est bien Ă©tabli et sa lĂ©galitĂ© n’est plus remise en question. Cependant, des dĂ©cisions de justice ont parfois soupçonnĂ© le trafic de cannabis d’ĂŞtre Ă  l’origine des activitĂ©s associatives de ces clubs. Cela souligne l’importance de la transparence dans le modèle des CSC, qui permet Ă  l’État de rĂ©glementer et, si nĂ©cessaire, de sanctionner la culture et la distribution de cannabis par ces associations.

Trois pays europĂ©ens ont par ailleurs inclus les Cannabis Social Clubs dans leur rĂ©gulation du cannabis : Malte, qui est le premier pays europĂ©en Ă  avoir mis fin Ă  la prohibition du cannabis, et l’Allemagne et la RĂ©publique Tchèque qui sont en voie de lĂ©galisation.